Enka, rock, pop, soul, rap, punk...
Les chansons de Kanjani∞ adoptent des genres qui dépassent l'ordinaire. Toutefois, c'est leur talent à leur donner vie, les faisant devenir « leurs » chansons qui leur permet de percer le cœur du public de façon pure mais réaliste malgré tout. On a parlé à Shibutani Subaru, le chanteur principal de Kanjani, celui qui amène les autres membres à se donner à fond et exprime le plus fort des chansons.
Quand j'ai assisté à un concert des Kanjanis au cours de leur tournée Jukebox qui couvrait les cinq dômes, j'ai trouvé que sa voix était pleine d'émotions puissantes. Pendant qu'environ une trentaine de leurs chansons variées faisaient voyager le Dôme tout entier dans plusieurs de leurs mondes, Shibutani Subaru tentait de ressentir le paysage et les émotions de chaque chanson avec toutes les fibres de son corps et de les transmettre avec autant de force que son corps pouvait lui permettre. Peu importe à quel point la chanson peut être joyeuse, en traversant son corps, elle exprime de sa solitude, ainsi que de sa douceur née à cause de sa solitude, rendant sa voix forte bien que fragile. C'est ce qui le rend séduisant comme personne, c'est un vocaliste séduisant d'après moi.
C'était quelque chose à voir, la manière dont ces dizaines de milliers de Eighters devenaient un lors du concert pour en profiter pleinement. Sa voix, toutefois, semblait posséder quelque chose de spécial, quelque chose qui donnait l'impression que sa façon de chanter était une chose seulement possible en cet instant, quelque chose d'inestimable qui m'atteignait « moi », ici, maintenant. Cette interview a eu lieu en plein milieu de leur tournée. Je voulais un portrait de cet homme au naturel, et non de quand il se trouve avec les autres. J'ai senti que j'ai pu entrevoir la manière dont Shibutani Subaru considérait le chant jusqu'à maintenant, de ce dont il respirait en lui.
J'ai assisté à un de vos concerts au Tokyo Dome, et pour commencer, j'ai été impressionné par le nombre de chansons que vous interprétiez en band session. Il y en avait beaucoup d'autres où la mise en scène reposait sur la danse ou d'autres choses, mais c'était un concert qui transmettait à quel point vous teniez à transmettre vos chansons par des band sessions afin de vous amuser. C'est votre seconde tournée des Dômes, à quoi voulais-tu que ressemble celle-ci, Shibutani-san ?Shibuyan : Je ne sais pas. Je n'ai pensé à rien de spécial. A vrai dire, je n'ai jamais vraiment vraiment réfléchi à ce genre de chose... Ce que je veux faire, ce que je veux être, ce que je veux transmettre, je ne pense pas du tout à ces choses-là. Même si je tentais quand même, les choses qui ne parviennent pas à être transmises ne le seront pas. Et donc, je ne peux que faire ce que j'ai toujours fait, je ne peux que faire ressortir ce que j'ai, je monte sur scène et laisse les autres décider pour moi. Sur scène, je me contente d'être moi-même.
Est-ce que tu as toujours pensé « Je ne peux que faire ressortir ce que j'ai. » ? Ou alors, à un certain moment, tu as compris cela soudainement ?Shibuyan : Ah, je suppose que c'est un fait récent. Je n'ai pas l'impression d'avoir été ainsi l'année dernière. En repensant à ce que je faisais lors de la tournée de l'année dernière, je crois que j'essayais encore d'avoir l'air cool. A mon avis, la raison pour laquelle j'ai changé vient en quelque sorte de toutes les expériences différentes que j'ai vécues en dehors du monde de la musique. Ma relation avec les membres, les choses qui sont arrivées au groupe , ces choses ont beaucoup d'influence sur moi. Ou plutôt, je pense que c'est exactement ce que c'était. Cette année, le sentiment qu'on soit « tous les 7 une seule entité » est particulièrement fort, l'année dernière on prenait toujours cette direction, mais l'année précédente et celle d'encore avant également. Je crois que tout le monde voulait présenter tout le monde, moi y compris. Pourtant à l'heure actuelle, ce n'est pas ainsi.
A moins d'éprouver les mêmes sentiments, je doute que tous les 7 vous puissiez produire quelque chose ensemble.Shibuyan : D'après moi, on a tous pu apporter quelque chose grâce aux boulots qu'on a en dehors du groupe. Et on se respecte mutuellement à ce sujet, c'est tout ce qu'il y a dire. S'il y a ne serait ce qu'un peu d'animosité, ce qu'on fait serait probablement devenu différent.
Deux rudes années, et le présent qui s'ensuit...
Penses-tu que c'est le résultat d'un gain de confiance comme groupe qui est apparu grâce à l'intensité de l'année 2012, celle de votre huitième anniversaire, qui a permis à votre premier film en groupe, Eitos rangers, de voir le jour et que vous avez pu vous rendre au Kouhaku pour la première fois ? (*aura meurtrière* Et 8Uppers il compte pour des prunes ?)
Shibuyan : Pas pour moi. Au contraire, notre huitième anniversaire était... L'année dernière et celle d'encore avant, ce sont plutôt celles-ci qui était les plus dures pour moi. Oui, pour moi, c''était assez difficile.
Pourquoi ?Shibuyan : Je pense que j'étais fatigué. Des choses ont commencé à perdre leur équilibre. Il y avait, en quelque sorte, une sorte de friction avec ce que je voulais faire et ce qu'on faisait en tant que groupe, ou pour être plus clair, c'est l'impression que j'avais à ce moment-là.
Mais au même moment, les choses s'amélioraient pour Kanjani∞.Shibuyan : Exact. Je crois que je n'arrivais pas à tout suivre. C'est pourquoi, pour moi, ce fut vraiment significatif d'avoir pu surmonter cette période.
En relisant tes précédentes interviews, Shibutani-san, tu affirmais avoir vécu une période difficile pendant ta vingtaine. Est-ce que cette période et ces une ou deux années dont tu parlais étaient différentes ? Shibuyan : Parfaitement. J'avais 23 ans quand on a débuté, et j'affirme que les un ou deux ans qui ont suivis étaient difficiles, mais je veux dire, dans le sens où nous n'avions pas d'argent du tout, malgré tout, on s'amusait constamment. Plus on avait de travail, plus j'y pensais. Vers mes 28/29 ans, j'ai déclaré vouloir souffrir plus. J'ai compris qu'afin d'être cool dans la trentaine, je devais vivre davantage de souffrance. Mais une fois arrivé à la trentaine, ce fut encore plus dur que prévu, je n'imaginais pas que ce serait aussi dur, je ne pourrais absolument rien faire. C'est quelque chose que je ne peux dire que maintenant, et ça m'avait affecté mentalement pendant un moment, mais malgré tout, je suis heureux d'avoir pu traverser cette période difficile, je le pense sérieusement.
Quand je t'ai vu chanter, j'ai eu l'impression qu'au lieu d'être quelque chose que tu faisais parce que tu voulais t'exprimer, le chant était davantage un procédé qui te permettait de te sauver. J'ai l'impression que c'est quelque chose de possible uniquement si tu as été sauvé par la musique de quelqu'un avant. Shibuyan : Je n'y avais jamais pensé ainsi, mais maintenant que tu le dis, je pense que c'est vrai.
As-tu traversé des périodes où tu ne voulais plus écouter de musique ? Shibuyan : Oui. A l'heure actuelle aussi, ça m'arrive parfois. C'est juste parce que je dois faire et la musique que j'aime et veux écouter sont complètement différentes. Et je réalise à quel point je suis chanceux d'avoir de la musique autour de moi tous les jeux, mais il y a deux ans, je ne m'en rendais même pas compte.
Un peu comme si tu avais plongé dans ton for intérieur depuis ?Shibuyan : Mm, absolument, oui.
Comme tu ne serais pas la personne que tu es aujourd'hui sans cette remise en question, peut-être était-ce délibéré ? Shibuyan : Possible. Je pense que certaines choses sont censées être ainsi.
Rencontre avec les Cro-Magnons.
Laissez-moi m'accepter.
Comment es-tu venu à aimer la musique ? Shibuyan : Grâce aux Blue Hearts (ancien groupe dont faisaient parties les membres actuels de Cro-Magnons). Par rapport à mon âge, ça aurait du arriver avec The High-Lows (idem mais avec quelques membres en plus), mais ma première découverte musicale fut avec les Blue Hearts. Lorsque j'avais 13 ou 14 ans, j'ai écouté un CD que j'avais emprunté à un ami et je me suis dit, "Wow.". A mon avis, c'est ainsi que ça a commencé.
A partir de cet instant, la graine de la musique était plantée en toi. Shibuyan : C'est exact. Et depuis lors, j'étais obsédé par Hiroto-san (un des membres de Cro-Magnons), quand il apparaissait de temps à autre dans des revues de mode pour hommes, j'allais tout le temps les regarder.
En plus, Shibutani-san, tu as rencontré Hiroto-san en personne. Shibuyan : J'ai eu la chance d'avoir une discussion croisé avec lui pour la première fois alors que j'avais 28/29 ans. A l'époque où j'étais encore perdu en fait. Et puis, peu de temps après avoir eu la trentaine, j'ai pu chanter avec les Cro-Magnons lors d'une émission de musique. Pouvoir faire cela ensemble a complètement balayé ce poids que j'avais sur les épaules. C'est que, ça m'avait toujours ennuyé d'être un Johnny's, une idole. J'ai toujours eu cette impression, et jusqu'à il y a peu, je crois que je tentais de me rebeller contre ça d'une façon ou d'une autre. Je regardais ce titre d'un mauvais œil, énervé du fait que quelque soient mes efforts on me cataloguait toujours comme une idole. Mais es Cro-Magnons ont chanté avec moi. Et je pouvais affirmer sans problème qu'ils ne me considéraient pas ainsi, ils pensaient simplement que ce serait bien de chanter avec moi. Ce fut énorme pour moi. Quand c'est arrivé, j'ai pensé « Aah, d'accord, c'est juste ça. » J'ai arrêté de me fermer constamment et les choses sont devenus beaucoup plus faciles.
Et en ayant eu la chance de pouvoir chanter avec ces personnes que tu as toujours admiré, tu as également pu t'accepter.Shibuyan : Exactement. Dans ce sens, ils m'ont vraiment aidé.
C'est peut-être ce qui t'a fait penser, « Faire ce que je peux est déjà bien. »Shibuyan : En effet. Après ce qui c'est passé, ma façon de penser à progressivement changé. J'ai surtout commencé à penser ainsi au début de 2013.
Si ça atteint une personne, ça atteindra tout le monde.
On fait ce qu'on est capable de faire.
Dans les lieux tels que les Dômes ou des dizaines de milliers de personnes se rassemblent, quel endroit vises-tu en chantant, Shibutani-san ?Shibuyan : Juste à ce qu'il y a en face de moi. Si je peux les atteindre, ça veut dire qu'il en sera de même pour le lieu tout entier, j'espère que je suis capable d'atteindre tout le monde.
A quel point les membres sont impliqués quand vous travaillez la mise en scène ensemble ? Shibuyan : On fait tout nous-mêmes. On a essayé de faire plus, progressivement, et on est arrivé là où on en est aujourd'hui. Chaque année, on fait davantage de band sessions, mais ce n'est pas comme si on se force de quelle que façon que ce soit, on ne va pas essayer des choses qu'on ne peut pas faire ni prétendre jouer d'un musique avec un pré-enregistrement, on fait juste ce qu'on est capable de faire.
La chanson finale pour la partie principale de la tournée est All is Well, de votre dernier album, composée par Yasuda Shota, dont les paroles ont été écrites par tous les membres. Vous avez tous les 7 écrit la dernière chanson de votre tournée. J'ai l'impression qu'elle représente le Kanjani actuel.Shibuyan : J'ai bien aimé la façon dont cette chanson a été créée. Au début, Yasu m'a donné la cassette démo. J'ai commencé à chanter pour cette chanson, et on a chacun écrit une partie des paroles, dans l'ordre d'interprétation, avec à chaque fois un délai de deux jours. Quand une personne avait fini d'écrire sa partie, elle passait l'enregistrement à une autre. Par conséquent, on peut dire qu'on a écrit la chanson en recevant et prenant le contrôle des sentiments des autres.
Ce qui m'a le plus surpris quand j'ai vu le concert, c'était la gamme des genres. Rien qu'en regardant votre dernier album, il y a des chansons écrites par Maeyamada Kenichi, Dohatsuten, Sekai no owari, et Scoop on somebody. Parle moi s'il te plaît de ce à quoi tu fais le plus attention quand tu chantes des chansons écrites par de telles personnalités. Shibuyan : Je pense uniquement à la manière d'exprimer la chanson, alors une fois que je l'ai, je l'écoute autant que possible. Si je voulais juste l'apprendre, une ou deux écoutes me suffiraient, mais jusqu'à quel point je peux plonger profondément dedans n'est pas quelque chose qu'on peut faire avec sa tête, on ne peut que continuer à garder la chanson près de soi et apprendre de la connaître. Alors je continue d'écouter la chanson pendant qu'on enregistre et aussi pendant les répétitions de la tournée, me construisant une image de cette chanson. Si je ne suis pas capable d'en avoir une, je ne saurais pas capable de la chanter. Si quelqu'un me demandait de chanter cette chanson alors que je ne me suis pas encore plongé assez profondément dedans, je pense que je dirai simplement, « Je ne peux pas. ».
Et il y avait tellement de band sessions cette fois. Vous avez tous de plus en plus de travail en dehors du groupe. J'imagine que vous n'avez pas tellement de temps pour répéter ensemble. Shibuyan : Si tu veux dire par là qu'on soit rassemblé tous ensemble, oui, ça n'arrive pas souvent. Mais surtout pour cette tournée, il y avait déjà ce genre de bonne tension dans l'air dès les répétitions. Après les concerts au Tokyo Dome, pour préparer ceux de Sapporo, on s'est tous réuni dans un studio afin de s'entraîner pour les parties en band session, et on avait pas fait ça depuis longtemps, jusqu'ici, ce fut le meilleur moment que j'ai vécu. Chaque membre avait une concentration énorme à chacun des concerts. a faisait longtemps qu'on
2014 sera l'année de votre dixième depuis vos débuts. Penses-tu que tu seras capable de démarrer cette année différemment des précédentes ? Shibuyan : Je ne sais pas trop. Je crois que c'est là où ça commence. A mon avis, ce qui compte est ce que les gens ressentiront à la fin de la tournée, car ce qui reste en toi quand c'est terminé est ce qui t'amène à l'étape suivante.